L’évangile que nous venons d’entendre nous révèle à quel point une simple visite peut être source de vie.
Une femme, Marie, portant en elle un signe de vie part à la rencontre d’une autre femme, Elisabeth, portant, elle aussi, la vie en elle.
Elisabeth accueille la visite de Marie comme un bonheur : Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi et Marie aussi accueille sa rencontre avec Elisabeth comme un bonheur. Un bonheur qui la pousse à dire mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon sauveur.
Ce que porte l’une est venu rejoindre ce que porte l’autre.
Toutes proportions gardées, cette expérience est fréquente dans les relations ordinaires de la vie lorsque chacun peut dire à l’autre ce qu’il porte en lui comme joie, comme peine, comme bonheur, comme souffrance. La parole de celui qui confie ses joies et ses peines trouve ainsi écho en la propre existence de celui à qui il peut les confier. Ce n’est pas pour rien si cela se nomme visitation
Dans une visite, le bonheur est réciproque lorsque chacun se laisse visiter, se laisse toucher par ce que l’autre porte si bien que l’on peut dire que non seulement le bonheur est réciproque mais la visite l’est aussi. Chacun est visité par la parole de l’autre et par ce qu’il porte en lui comme joie et comme peine.
Les visites effectuées ces derniers mois par le Roi et la Reine ont précisément pour but d’attirer notre attention sur toutes celles et ceux, grâce à qui, la vie dans notre pays est soignée, sauvée, nourrie, protégée, soutenue, défendue.
Ces visites du Chef de l’Etat et de son épouse ont aussi pour objectif de soutenir les personnes qui souffrent encore davantage depuis le début de la pandémie.
Comme le dit si bien Victor Hugo : « La vie, le malheur, l’isolement, l’abandon, la pauvreté, sont des champs de bataille qui ont leurs héros : héros obscurs plus grands parfois que les héros illustres »
Ce sont ces héros « obscurs » puisqu’ils travaillent dans l’ombre, que notre souverain ainsi que la reine Mathilde tiennent à mettre en lumière par leurs visites.
Parmi leurs dernières visites, je pense à celle rendue par la reine Mathilde accompagnée de sa fille Eléonore à Kamiano, un restaurant de Sant Egidio pour les sans-abris afin d’encourager les bénévoles dans leur engagement pour les plus démunis et les sans-abris et de rencontrer ceux qui étaient déjà pauvres, seuls et sans abris et qui sont dans une situation rendue encore plus difficile par le confinement et la crise sanitaire.
Il y a eu aussi la conversation par skype du roi Philippe avec des résidents d’un home du CPAS de Quaregnon leur permettant ainsi de lui raconter leur quotidien, leur ressenti par rapport à ce qu’ils vivent avec cette crise sanitaire. Le roi a également parlé à un ergothérapeute et à une infirmière de cet établissement.
D’autres visites effectuées par le chef de l’Etat ont eu pour but d’exprimer sa reconnaissance et ses encouragements au nom de notre pays au personnel soignant des hôpitaux, aux policiers, aux militaires, à ceux qui travaillent dans le centre de crise ou pour la logistique sans oublier les commerçants, les travailleurs dans l’horeca, les postiers du centre de tri de Braine-l’Alleud pour souligner l’importance du travail des personnes qui assurent, dans un contexte difficile, des services essentiels pour le pays.
Ces visites du couple royal nous révèlent comme il est vital de pouvoir être visité surtout quand on souffre de l’isolement, d’un isolement accru par la crise sanitaire. Et c’est là que je voudrais pour terminer relayer un appel de Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la conférence des évêques de France.
Cet appel est contenu dans la lettre qu’il a écrite au Président de la République française, en réponse au souhait de celui-ci que chacun des responsables des cultes contribue à une réflexion nationale sur ce que la lutte contre l’épidémie de la Covid-19 nous apprend et sur l’avenir que nous entrevoyons.
Voici cet appel :
Un des aspects douloureux de la lutte contre l’épidémie a été l’impossibilité pour les familles d’aller rencontrer leurs proches malades et même leurs proches âgés habitants des maisons de retraite. Parce que l’on ne pouvait procurer à tous les moyens de protection nécessaire, de nombreuses personnes sont mortes dans la solitude, alors même que leurs enfants ou leurs amis auraient été prêts à venir à elles pour les soutenir et les accompagner.
Beaucoup de familles ont admiré le soin qu’ont eu les équipes hospitalières de leur donner des nouvelles, de les tenir au courant de l’évolution de la maladie : il y a eu là un immense travail auquel la nation doit rendre hommage. Il prouve que demeure vivante chez les soignants la conviction que leur métier consiste moins à soutenir un corps jusqu’à ce qu’il faille y renoncer qu’à fortifier une personne qui a une famille, des amis, une histoire, des projets, une certaine compréhension d’elle-même, de sa vie et de la vie, et de la mort comme de sa mort possible. Il est urgent que les politiques de santé incluent réellement cette conviction.
J’ai déjà regretté plusieurs fois publiquement, ajoute Mgr du Moulins-Beaufort, que les plans d’urgence des hôpitaux, prévoyant de ne plus y laisser entrer le personnel « non indispensable », incluent dans cette catégorie les aumôniers et tous les visiteurs. Non seulement une telle mesure réduit le patient à n’être qu’un bénéficiaire de soins médicaux mais elle fait peser le poids de l’accompagnement des personnes sur les seuls soignants, par définition débordés dans une telle situation. Je demande donc solennellement, conclut le président de la conférence des évêques de France, que ces plans d’urgence soient revus et je remercie les directeurs d’hôpitaux et de soins et les chefs de service et les soignants de tous les ordres qui ont su, lorsque les patients ou leur famille le demandaient, appeler l’aumônier de l’hôpital. Mais il me paraît indispensable que cette attitude-là soit inscrite dans les règles de l’hôpital.
Fin de citation.
Que toutes les personnes dont le travail est mis en lumière et encouragé par les visites de nos souverains soient remerciées non seulement en ces jours de crise mais pour toujours.
Vive la Belgique, vive le Roi, vivent tous les héros qui, dans notre pays, luttent contre l’isolement, l’abandon, la pauvreté et la maladie.
Que Dieu les bénisse et les garde !
Amen !
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