Daily Archives: 20 mars 2021

Temps de prière du 5ème dimanche de Carême

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Homélie du cinquième dimanche de Carême

Je veux voir Dieu !

« Nous voudrions voir Jésus. » Telle est la demande formulée par quelques Grecs, sympathisants du judaïsme, à Philippe, l’un des douze. Il est très probable, en passant, que le choix de Philippe comme intermédiaire tient au fait, comme son nom de consonance grecque l’indique et comme le suggère aussi son origine galiléenne, qu’il maîtrisait un tant soit peu la langue de Platon et d’Aristote. Cette demande et l’origine païenne de ceux qui la pose interpellent encore aujourd’hui. Elles convoquent notre foi à un double titre. D’abord, par la façon dont Dieu se donne à contempler. Dans la foi, comment pouvons-nous voir Jésus, ici et maintenant ? Ensuite, par l’universalisme du salut en Jésus Christ signifié par l’attirance des nations dites « païennes »  ou « grecques », selon le langage de l’antiquité, par le Christ et la Bonne Nouvelle.

Saint Irénée de Lyon écrivait au 2ème siècle : « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ; la gloire de l’homme, c’est la vision de Dieu ». Voir Dieu, se laisser remplir de bonheur par la vision de sa Beauté, telle est sans doute l’une des aspirations les plus profonde du cœur humain. Se laisser remplir par la Beauté inouïe d’un Dieu dont l’être est « Amour ».  Amour et Beauté se conjuguent, l’amour donnant de l’éclat à celui qui aime et suscitant la détente des traits de celui qui est aimé. Il me semble que nous pouvons voir la présence de Dieu dans la beauté : celle d’un paysage, d’une œuvre d’art mais aussi dans l’éclat divin du regard d’une personne qui aime. Le visage du Christ, discernable en tout être humain, en particulier dans ceux qui souffrent, est visible aussi dans la lumière qui se dégage d’un être humain qui donne, se donne, aime sincèrement, authentiquement. Il me semble déceler sur le visage d’une Mère Térésa ou encore un portait de saint Vincent de Paul, l’éclat de la beauté divine. Paradoxalement, le visage tuméfié du Christ en croix est profondément beau car il exprime jusqu’où va son amour pour chacun. Cet amour retentit d’une manière particulière lorsqu’il déclare : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. »

Jésus, dans l’Évangile de ce jour, dit explicitement : l’Heure est venue, le moment favorable où s’accomplit le salut est arrivé. Le grain de blé tombé en terre va mourir et donner beaucoup de fruit. La croix et la résurrection se profilent dans les paroles du Christ. L’intervention des Grecs signifie déjà que le salut en Jésus-Christ est pour tous, c’est-à-dire pour tous ceux qui sont disposés à l’accueillir. Il n’est pas réservé à une élite quelconque. Les bras de Dieu sont ouverts pour tous, aux dimensions de tous les peuples de la terre d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

Seigneur, fais-nous grandir sur le chemin de l’amour et dispose les cœurs de tous à accueillir ton amour : que pas un ne se perde !

Amen

Nicolas Favart

Vicaire dominical à la paroisse Saint-Étienne

Braine l’Alleud